La situation au début de l’année 2020

Le mois de janvier 2020 marquait une légère embellie pour le secteur de l’hôtellerie, avec des indicateurs en hausse à la fois du côté des variations interannuelles face à un mois de janvier 2019 très marqué par la crise des gilets jaunes, mais aussi face à une fin d’année 2019 impactée par une grève des transports sans précédent. Au début janvier 2020, le RevPAR affichait ainsi une croissance de +5,5% (vs janv2019) s’élevant à 53,60€, pour un taux d’occupation de 57,8% en légère récupération après décembre 2019.

L’effondrement de la demande

Le secteur de l’hôtellerie souffre de l’effondrement de la demande étrangère (en particulier en provenance d’Asie) depuis le début de l’année. Les annulations des séjours des touristes chinois (qui représentent plus de 4 milliards de recettes touristiques par an) s’élevaient à 80%-90% en janvier et 100% pour février, mars, avril et mai. Le Commissariat européen au Marché intérieur estime que l’absence des touristes chinois coûte 1 milliard d’euros par mois (en tourisme uniquement) à l’UE. [Commissariat européen au Marché intérieur]

 

Depuis mars, la demande nationale et les arrivées de touristes des autres zones du monde ont suivi la tendance, avec la généralisation des mesures de confinement dans un grand nombre de pays.

La situation en mars 2020

Au 12 mars 2020, soit avant même les mesures de confinement en France, le secteur hôtelier annonçait déjà une baisse d’activité de 30% à 40% au niveau national, et jusqu’à -90% dans les foyers épidémiques. Les hôtels sont fortement touchés à la fois par les annulations de nuitées mais aussi par la fermeture de leurs bars-restaurants ou encore les annulations de séminaires, colloques et autres événements professionnels qui sont, depuis plusieurs années, une des principales sources de diversification des revenus pour les établissements.

 

Au 21 mars 2020, faute de clients, plus de 1800 hôtels sont fermés soit la moitié du parc du Groupement National des Chaînes Hôtelières (syndicat, membre de l’Union des Métiers de l’Hôtellerie, regroupant les principales chaînes d’hôtels présentes en France).

 

  • Chômage : le secteur doit recourir en masse aux dispositifs de chômage, technique ou partiel. Avec une moyenne de 10 employés par établissement, on compterait ainsi plus de 18 000 employés de l’hôtellerie au chômage partiel au 21 mars 2020. Cette mesure ne concerne que les CDI : les effectifs sous contrats plus précaires (CDD ou extras) sont licenciés dans la plupart des cas. [Les Echos]

 

  • Bourse : l’impact en bourse est immédiat et très fort, dès le début du mois de janvier, notamment à cause On considère ici le cas de la société Accor, plus gros acteur français sur le secteur de l’hôtellerie : le cours est passé de 42.12 au 2 janvier 2020 à 26.06 au 20 mars 2020. L’action du leader français de l’hôtellerie a chuté de 38% sur la période. [Accor]

Perspectives de reprise

Les perspectives de reprise sont pour l’instant très mitigées, notamment car le taux d’occupation risque de ne pas remonter à la fin des mesures de confinement. En effet, les annulations de séjours par les touristes étrangers se sont déjà étendues jusqu’à l’été. Ce sont les segments du haut de gamme et du luxe, les plus dépendants de la clientèle étrangère, qui seraient les plus impactés. (cf données ci-dessus).

Néanmoins, certains éléments apportent plus d’optimisme à ces prévisions :

  • Mobilisation du secteur au service de l’Etat, qui pourrait apporter un certain soulagement aux établissements et aux entreprises hôtelières. En effet, au 21 mars, 500 hôtels et 20 000 chambres mises à disposition des routiers, du personnel soignant et des sans-abris.
  • Reprise plus rapide hors IDF : on peut estimer que la demande nationale reprendra bien plus rapidement que la demande étrangère (reprise des déplacements professionnels en France, réouverture des restaurants et bars des hôtels, reprise des événements…). Or seule la région Ile de France est très dépendante des touristes étrangers : ainsi, le reste du pays devrait connaître une relance d’activité plus rapide.
  • Tour-opérateurs : à la mi-mars, le SETO (Syndicat des Entreprises du Tour Operating) a demandé aux TO d’organiser le report des voyages organisés avec un avoir d’un an. Cela devrait notamment permettre de soulager les trésoreries et forcer la reprise dans ce temps imparti.